Le conflit entre la multinationale Meta et la classe politique québécoise et canadienne a connu une nouvelle escalade mercredi, alors que Québec, Ottawa et la Ville de Montréal ont annoncé le retrait de leurs publicités des médias sociaux Facebook et Instagram.
« En solidarité avec les médias, la décision a été prise de cesser toute publicité du gouvernement sur Facebook, le temps que Meta reprenne les discussions sur l’application de la loi C-18. Aucune entreprise n’est au-dessus des lois », a écrit sur Twitter le premier ministre québécois, François Legault.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a rapidement fait pareille annonce mercredi après-midi, suivie de ses homologues de Québec, Bruno Marchand, et de Longueuil, Catherine Fournier. « Le refus de Meta de partager l’information journalistique est très préoccupant. L’accès à des informations vérifiées et de qualité est essentiel », a justifié Mme Plante sur les réseaux sociaux.
C’est le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, qui avait lancé le bal un peu plus tôt, lors d’une conférence de presse à Ottawa en mi-journée mercredi. Il était accompagné de deux élus d’autres formations politiques fédérales : le député bloquiste Martin Champoux se tenait à ses côtés, et le néodémocrate Peter Julian y assistait à partir de son domicile en Colombie-Britannique.
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Le ministre a précisé qu’Alphabet n’est pas touchée par cette annonce, puisque la société mère du moteur de recherche Google travaille à « trouver une solution » avec le gouvernement. Cette entreprise menace elle aussi, comme Meta, de retirer le contenu de nouvelles canadien de ses plateformes.
Ottawa chiffre à environ 10 millions de dollars par année le budget publicitaire du gouvernement fédéral sur Facebook et Instagram. « On va le réinvestir dans des campagnes majeures », a promis le ministre Rodriguez, sans donner plus de détails.
Solidarité politique
La Loi sur les nouvelles en ligne prévoit de forcer les deux principaux géants de la publicité sur le Web, Google et Meta, à négocier avec les médias pour le partage de leur contenu. À défaut de quoi, ils s’exposent à un arbitrage possiblement coûteux. Encore faut-il que ces plateformes « rendent le contenu de nouvelles disponible » à leurs usagers.
En guise de réplique à l’adoption de la Loi, le 22 juin dernier, Meta et Google ont annoncé qu’ils allaient mettre fin au référencement des nouvelles canadiennes auprès de leurs usagers au Canada. Cela signifie que les articles des médias pourraient ne plus apparaître dans les résultats de recherche sur Google ou sur le fil Facebook d’ici la fin de l’année.
« On ne va pas se laisser intimider par des milliardaires américains qui veulent nuire à notre démocratie », a scandé le premier ministre Justin Trudeau lors d’un passage à Saint-Hyacinthe mercredi. « Ce n’est pas qu’un litige sur une question de publicité. C’est un litige sur une question de démocratie. Il est question de reconnaître le rôle que les géants du Web, comme Meta ou Google, ont sur nos vies et, par conséquent, une responsabilité. »
Le premier ministre a précisé qu’il n’allait « pas reculer » dans son projet de refiler une partie de la facture des nouvelles à ces grandes entreprises du Web. La pleine entrée en vigueur de la Loi sur les nouvelles en ligne, mieux connue sous son numéro de projet de loi, C-18, est prévue au plus tard 180 jours après son adoption ; elle surviendra donc d’ici le 19 décembre prochain.
On ne va pas se laisser intimider par des milliardaires américains qui veulent nuire à notre démocratie.
— Justin Trudeau
À Ottawa, les trois élus issus du Parti libéral du Canada, du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique ont tous pris la parole mercredi pour dénoncer d’une même voix l’attitude des plateformes. Leurs formations politiques ont appuyé C-18. Seul le Parti conservateur du Canada, qui forme l’opposition officielle, s’y est opposé.
« Dans le cas de C-18, le travail a été bien fait. Je ne peux pas reprocher au gouvernement la réaction des entreprises numériques », a expliqué le bloquiste Martin Champoux. Le néodémocrate Peter Julian n’a pas non plus imputé au gouvernement la responsabilité de la menace de blocage des nouvelles au pays. « La réalité est que les géants du Web doivent respecter la loi, la démocratie. »
La réponse des médias
Cette sortie tripartisane en soutien à C-18 survient au moment où de grandes entreprises médiatiques québécoises ont elles aussi annoncé qu’elles allaient mettre fin à leurs publicités sur les plateformes de Meta. Le diffuseur public, CBC/Radio-Canada, leur a emboîté le pas en fin de journée.
En matinée, avant l’annonce de cette décision, la directrice générale de l’information des services en français, Luce Julien, avait déjà dénoncé dans une lettre ouverte les attaques de Google et de Facebook contre « la pluralité des voix et des points de vue ».
De plus, Meta a déjà coupé court aux ententes qu’elle avait conclues avec certains médias, dont Le Devoir, confirme son directeur, Brian Myles. Il craint d’ailleurs que Google ne fasse de même dans les prochains mois « si rien ne bouge ».
Pour le directeur du Devoir, la suspension des dépenses gouvernementales auprès de Meta représente « un pas dans la bonne direction », mais qui « ne règle pas le problème de fond ». « Nous encourageons le ministre Rodriguez à trouver une voie de passage pour rallier Google et Meta à l’esprit de C-18. Et nous espérons que ces entreprises feront preuve de responsabilité sociale et d’ouverture pour parvenir à une solution satisfaisante pour tous », dit-il.
Dans une déclaration écrite envoyée au Devoir, un porte-parole de Meta a répété l’argument de l’entreprise selon lequel ce sont les éditeurs des médias qui choisissent de publier sur Facebook et Instagram « parce qu’il est avantageux pour eux de le faire ».
« Malheureusement, le processus réglementaire n’est pas en mesure d’apporter des modifications aux caractéristiques fondamentales du projet de loi qui ont toujours posé problème, et pour nous y conformer, nous prévoyons donc mettre fin à la disponibilité des nouvelles au Canada dans les semaines à venir », a conclu le porte-parole de Meta.
Avec Annabelle Caillou
Author: James Smith
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